Avec Kiss, Cuddle & Torture Volume 3, The Hempolics poursuivent leur exploration éclectique d’un son hybride qui fusionne reggae, dub, soul, et un soupçon de pop britannique. Le collectif londonien, mené par le producteur Grippa Laybourne (ancien collaborateur de Faithless), confirme ici sa capacité à tisser des atmosphères chaleureuses et ensoleillées, tout en maintenant une tension urbaine et contemporaine.

Dès les premières notes, l’auditeur est plongé dans un univers où les basses rondes et profondes rencontrent des mélodies accrocheuses et des voix aux timbres variés. Ce troisième volume de la série Kiss, Cuddle & Torture reste fidèle à l’ADN du groupe, tout en affichant une production plus léchée et ambitieuse. Les cuivres sont plus présents, les chœurs plus travaillés, et la palette sonore semble s’élargir à chaque morceau.

L’une des forces majeures de l’album réside dans sa diversité vocale. Nubiya Brandon, avec sa voix souple et expressive, brille particulièrement sur des titres comme Full of Surprises et In Time. Le contraste avec les interventions plus rugueuses ou feutrées des autres chanteurs (notamment ceux venus du dancehall ou du hip-hop) apporte une richesse dynamique qui empêche l’album de sombrer dans la monotonie. Chaque piste devient ainsi une petite vignette sonore, avec sa propre couleur.

Musicalement, The Hempolics continuent de naviguer entre l’hommage et l’innovation. Les racines reggae et dub sont indéniables, mais elles sont constamment bousculées par des incursions funk, des rythmiques hip-hop ou des refrains pop. Cette hybridation est particulièrement efficace sur des morceaux comme Bongadashi ou Gotta Thing, où le groove est irrésistible sans jamais sembler forcé.

Cependant, si l’album impressionne par sa maîtrise et sa générosité, il pourrait aussi dérouter ceux qui cherchent une ligne directrice plus claire. Cette volonté de toucher à tout, bien qu’excitante, frôle parfois la dispersion. Certains titres semblent moins marquants, desservis par des refrains un peu plus convenus ou des structures trop classiques par rapport à l’inventivité affichée ailleurs. Ce léger déséquilibre n’entache pas l’ensemble, mais empêche Kiss, Cuddle & Torture Volume 3 d’atteindre l’impact d’un grand disque « manifeste ».

Là où l’album excelle, en revanche, c’est dans sa capacité à véhiculer une énergie vivante, presque festive, même lorsqu’il aborde des thématiques plus sociales ou introspectives. C’est ce paradoxe — entre légèreté hédoniste et conscience urbaine — qui fait de The Hempolics un groupe à part sur la scène britannique actuelle.

En somme, Kiss, Cuddle & Torture Volume 3 est un disque généreux, vibrant et ancré dans une tradition musicale qu’il sait réactualiser avec brio. Non sans quelques petites faiblesses, mais suffisamment solide pour confirmer la place des Hempolics parmi les artisans les plus créatifs du reggae moderne teinté d’influences multiples.

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