Avec Bouquet, Gwen Stefani revient sur le devant de la scène musicale avec un projet qui oscille entre le clin d’œil appuyé à ses racines pop et une volonté assumée de se réinventer. Après plusieurs années marquées par des singles épars et des collaborations, cet album studio fait figure de véritable déclaration artistique. Mais le bouquet qu’elle nous tend est-il aussi éclatant qu’il y paraît ?
Dès les premières notes, Bouquet se présente comme une œuvre florale — au sens figuré comme au sens sonore. Les titres Petals on the Floor et Thorns & Roses ouvrent l’album en douceur, avec des arrangements pop légers saupoudrés d’accents électroniques modernes. On y retrouve la patte vocale immédiatement reconnaissable de Stefani : nasale, espiègle, mais plus posée, presque introspective par moments. C’est une Gwen qui regarde dans le rétroviseur, mais qui refuse de s’y perdre.
Là où l’album brille, c’est dans sa capacité à fusionner plusieurs ères de la pop. Sur Bloom Baby Bloom, elle ressuscite avec brio les sonorités ska-pop qui ont fait sa gloire à l’époque de No Doubt, tout en leur injectant une production plus actuelle, signée par des noms comme Jack Antonoff et Benny Blanco. L’effet est rafraîchissant sans sombrer dans la parodie nostalgique.
Cependant, tout n’est pas parfait dans ce bouquet. Certains morceaux, comme Sugar Water et Golden Vase, peinent à décoller. Trop formatés, trop génériques, ils diluent un peu l’identité forte que Stefani tente de raviver. À force de vouloir plaire aux playlists pop contemporaines, ces titres manquent de la flamboyance excentrique qui a toujours distingué Gwen de ses contemporaines.
L’écriture, quant à elle, alterne entre fulgurances et clichés. Sur With Every Stem, elle explore de manière touchante les sacrifices de la maternité et le passage du temps, des thèmes rarement abordés frontalement dans la pop mainstream. À l’inverse, des chansons comme Pink Confetti tombent dans des images trop faciles, frôlant parfois la caricature.
Productionnellement, l’album est impeccable : c’est léché, lumineux, calibré pour les radios et les festivals. Mais ce polissage excessif gomme parfois les aspérités qui faisaient le charme brut de Gwen Stefani, notamment à l’époque de Love. Angel. Music. Baby..
Au final, Bouquet est un album honnête et agréable, qui réussit à équilibrer hommage et évolution sans totalement transcender les attentes. Ce n’est pas une révolution dans la carrière de Stefani, mais plutôt une réaffirmation de sa place dans le paysage pop actuel. Pour les fans de longue date, c’est un plaisir doux-amer : le parfum de la nostalgie est bien là, mais il est enveloppé d’une couche contemporaine qui, parfois, étouffe un peu la fragrance originale.
Note : 3,5/5
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