Avec « Darold », A$AP Ferg signe un projet à la fois personnel et complexe. En choisissant d’intituler l’album de son véritable prénom, Darold Ferguson Jr., le rappeur du collectif A$AP annonce d’emblée une volonté d’introspection. Mais derrière cette promesse d’authenticité se cache un album qui oscille entre éclairs de génie et formules déjà vues.
Dès les premières pistes, on retrouve la patte énergique qui a fait la renommée de Ferg. Les basses sont lourdes, les beats agressifs, et sa voix, toujours aussi tranchante, nous replonge dans l’ambiance des clubs new-yorkais. Des morceaux comme « Runnin’ Back » et « Trap Lord 2.0 » ravivent cette flamme qu’on associe à ses premiers succès : une rage brute, presque primitive, qui donne envie de tout retourner sur son passage. Sur ce terrain, Ferg reste inégalé.
Mais « Darold » ne se contente pas de jouer la carte du banger. À plusieurs reprises, l’artiste tente de se livrer. Sur des titres comme « Mama’s Prayers » ou « Pain Interlude », il évoque ses origines, ses doutes et les pressions liées à sa carrière. Ces moments plus calmes, bien qu’honnêtes, peinent parfois à convaincre pleinement. La sincérité est là, mais la production manque d’originalité et les textes, bien qu’émotionnels, restent en surface. On sent chez Ferg une envie d’évolution artistique, mais aussi une certaine hésitation à quitter sa zone de confort.
Du côté des featurings, l’album brille par sa diversité. On retrouve des figures emblématiques comme A$AP Rocky, mais aussi des invités plus inattendus, venus d’univers variés. Cette ouverture permet d’apporter un souffle nouveau à certains morceaux, bien que l’ensemble perde parfois en cohérence. Il en résulte un album un peu décousu, qui saute d’une ambiance à une autre sans fil conducteur clair.
Techniquement, Ferg reste solide. Son flow est toujours aussi percutant, alternant entre des phases rapides et des refrains plus chantés qui restent en tête. Mais là aussi, certains auditeurs pourraient reprocher un manque de prise de risque : si « Darold » promettait un renouveau, il reste finalement assez proche de ses précédentes productions, sans réelle révolution sonore.
En somme, « Darold » est un album honnête, mais imparfait. Il offre des moments de puissance qui rappellent pourquoi A$AP Ferg est un pilier du rap new-yorkais, mais laisse aussi entrevoir une lutte intérieure entre fidélité à ses racines et désir de maturité artistique. Ce projet ravira sans doute les fans de la première heure, mais pourrait laisser sur leur faim ceux qui espéraient une mue plus audacieuse.
Note : 6,5/10
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