Avec Black and Blessed, Simpo Savior signe un projet dense et revendicateur qui résonne comme une déclaration d’identité et de résilience. Dès les premières notes, l’album impose une atmosphère puissante, oscillant entre introspection spirituelle et coup de poing social, sans jamais tomber dans le didactisme.
Musicalement, Black and Blessed puise à la fois dans le gospel, la soul et le hip-hop, créant un pont entre la tradition afro-américaine et une modernité incisive. Les chœurs quasi liturgiques sur le morceau d’ouverture, « Sanctified Struggles », posent le ton : ici, la foi n’est pas une échappatoire mais une arme. Simpo Savior jongle habilement avec des productions tantôt organiques, avec des cuivres et des orgues chaleureux, tantôt plus froides, sur des beats trap minimalistes, créant une tension sonore qui maintient l’auditeur en alerte tout au long des douze pistes.
Là où l’album brille particulièrement, c’est dans son écriture. Simpo Savior s’y livre sans filtre : il évoque ses racines, son parcours marqué par l’adversité, mais aussi ses triomphes personnels. Le titre éponyme, « Black and Blessed », est sans doute le manifeste du disque. Avec une plume affûtée, il célèbre la beauté noire tout en dénonçant les oppressions systémiques : « Skin kissed by the sun, still treated like a threat / But I rise every morning, Black and blessed ». Cette dualité — celle d’être à la fois marginalisé et porteur d’une richesse intérieure inébranlable — traverse tout l’album.
Cependant, Black and Blessed n’est pas exempt de faiblesses. Quelques morceaux, notamment « Hustle in My Veins » et « Victory Lap », tombent dans des clichés déjà entendus dans le rap engagé. Les refrains y manquent de fraîcheur et de subtilité, contrastant avec la finesse d’écriture des autres titres. De plus, si la diversité des styles est globalement maîtrisée, certaines transitions entre morceaux paraissent abruptes, cassant un peu la fluidité de l’écoute.
Cela dit, l’émotion brute et la sincérité qui émanent de l’album compensent largement ces quelques faux pas. Simpo Savior réussit à transmettre une énergie presque contagieuse, notamment sur le très réussi « Crown Heavy », où il invite un choeur gospel pour un final épique. Le choix des collaborations est également pertinent : la présence de la chanteuse soul Ayana Grace sur « Motherland Call » apporte une profondeur émotionnelle qui élève le morceau au rang d’hymne diasporique.
En somme, Black and Blessed est un album qui, malgré ses imperfections, marque par son authenticité et son engagement. Simpo Savior s’y affirme comme une voix forte et nécessaire, à la croisée des luttes sociales et de la quête spirituelle. Plus qu’un simple projet musical, c’est un cri du cœur qui mérite qu’on lui prête une oreille attentive.
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