Quand Guns Don’t Kill People… Lazers Do est sorti en 2009, personne ne savait vraiment ce qui les frappait. Quinze ans plus tard, l’album résonne encore comme une déflagration dans le paysage musical, un moment charnière où le dancehall est passé à l’ère numérique grâce au duo Major Lazer (Diplo et Switch). Ce disque, c’est le croisement improbable entre la Jamaïque et les clubs occidentaux, entre les racines du reggae et les beats électro agressifs. Et c’est précisément cette collision qui le rend encore pertinent aujourd’hui.

Dès le morceau d’ouverture, Hold the Line, avec les guitares surf-rock et les voix rauques de Mr. Lexx et Santigold, le ton est donné : on est ici pour casser les codes. Major Lazer prend le dancehall jamaïcain et le catapulte dans une autre dimension, avec des basses écrasantes, des samples délirants et une production qui flirte avec l’excès sans jamais sombrer dans le kitsch gratuit.

Ce qui frappe encore en 2024, c’est la fraîcheur des collaborations. On retrouve des figures majeures comme Vybz Kartel (Pon De Floor), Busy Signal (What U Like) ou encore Mapei (Mary Jane), tous embarqués dans cette machine sonore infernale. Le track Pon De Floor, en particulier, a été une pierre angulaire : il a non seulement dominé les clubs mais a aussi été samplé par Beyoncé sur Run the World (Girls), preuve de son impact culturel massif.

L’album, en soi, est un laboratoire expérimental. Chaque piste est un terrain de jeu où Diplo et Switch déconstruisent les rythmes traditionnels pour mieux les reconstruire avec des synthés criards, des percussions militaires et une énergie brute. Pourtant, sous cette apparente anarchie, on sent un profond respect pour la culture sound system jamaïcaine. Les interludes, les toasts, les samples vocaux sont autant d’hommages à une tradition que le duo a voulu moderniser sans la dénaturer.

Avec le recul, Guns Don’t Kill People… Lazers Do marque aussi le début d’une ère où la musique électronique a cessé de regarder uniquement vers l’Europe pour puiser son inspiration. L’album a ouvert la voie à la global bass, ce courant hybride mêlant reggaeton, baile funk, kuduro et bien sûr dancehall. Sans cet opus, l’explosion mondiale de Major Lazer quelques années plus tard avec Lean On ou Cold Water n’aurait sans doute pas été possible.

En fêtant ses 15 ans, cet album rappelle qu’il a été un déclencheur, un coup de semonce contre la standardisation des genres. Il a prouvé qu’on pouvait fusionner des univers éloignés et en faire une force irrésistible. Aujourd’hui encore, il conserve cette énergie indomptée, ce côté brut de décoffrage qui le rend intemporel.

En résumé, Guns Don’t Kill People… Lazers Do n’est pas juste un album : c’est une déclaration d’intention qui a redessiné les frontières de la musique globale. Quinze ans plus tard, ses échos se font toujours entendre, preuve que Major Lazer avait vu juste : les lasers, eux, tuent toujours.

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